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    Article paru dans le quotidien "La Montagne Noire", octobre 2013

     

    Article paru dans le quotidien "La Montagne noire", octobre 2013

     

     

     


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  • Des Femmes, des vies, des âmes...les anges meurent aussi.

    "Des femmes, des vies, des âmes" Chapitre 1 (extrait) :

     

    "Tout près du quartier de Montmartre, un amas de maisons lacérées par des rues étroites d'où montaient les effluves nauséabondes des égouts et de détritus divers. Ce n'était pas le lieu idéal pour couler des jours heureux. Bien que mitoyenne des autres demeures alentour, la maison des Mulis possédait une petite dépendance. Ce n'était pas grand-chose, mais suffisamment pour que Paul pût respirer un peu après le travail et surtout s'adonner à son passe-temps favori : le jardinage.

     

    "Des femmes, des vies, des âmes" Chapitre 8 (extrait) :

     

    Emmitouflée jusqu’aux oreilles, l’allure encore svelte malgré ses trois mois de grossesse, Henriette participait à la bataille de boules de neige qui faisait rage à l’extérieur.

     

    -« Si c’est pas malheureux, elle va attraper un mauvais froid, dans son état, est-il possible d’être aussi inconsciente ? Se lamentait Paul, le nez collé à la fenêtre, le corps réchauffé par le feu de cheminée qui enveloppait la pièce de sa douceur réconfortante.

     

    -« Arrête de parler tout seul, tu répapis* sans cesse, on dirait un vieux, heureusement que tu ne parles pas patois comme moi », l’humour de Jean ne faisait en rien rire Paul, surtout quand il enfonçait le clou en se moquant ouvertement de son ami

     

    -« Ha ! Je t’imagine, tiens, parlant tout seul en patois avec ton accent parisien, qui d’ailleurs est devenu un accent inconnu de nulle part ».

     

    "Des femmes, des vies , des âmes" Chapitre 12 (extrait) :

     

    Malgré la pluie battante qui lui fouettait le visage, Mathilde, ma mère, ne ralentissait pas le mouvement de ses pas. Un toit avancé de garage aurait pu l’abriter quelques minutes, le temps de se ressaisir, mais non, elle accéléra la cadence pour se réfugier, toute trempée, dans le magasin des Jacomet. Là, telle un canard, elle fit tomber les gouttes de pluie, parsemant ses vêtements de mille petits diamants étincelants, puis, elle posa son cabas par terre et commença à discuter. Une vraie pie ma mère, et voilà que j’ai vu ci, et voilà que j’ai entendu dire ça, et vous, qu’en pensez-vous ? Des vraies commères de quartiers ces deux-là, j’entends, bien sûr, la Mathilde et l’Henriette, qui, malgré leur différence d’âge, s’entendaient à merveille sur un point, les papotages. Mais ce jour-là, ma mère perçut autre chose chez Henriette. Cette dernière semblait un peu ailleurs, comme préoccupée. Elle décida de ne rien dire et partit subrepticement, l’impression qu’un problème tourmentait Henriette Jacomet. Le sixième sens de ma mère avait vu juste. Dès le lendemain, elle apprit que le commerce était en vente. Les Jacomet quittaient la région, ils partaient, personne ne savait où, ni pourquoi.

     

     

    "Des femmes, des vies , des âmes" Chapitre 14 (extrait) :

     

     

    1974, l’année d’avant, celle qui précède le chaos, où personne ne pouvait imaginer ce qui allait se passer.

     

    Le plus gros de l’hiver écoulé, les bourgeons, les Camélias en fleurs, les corps qui commencent à se dénuder, un vent de printemps qui souffle sur le village, annoncent la saison nouvelle. La vie reprend.

     

    Comme sortis d’une hibernation trop longue, les habitants envahissent les rues, les jardins, les magasins, la fourmilière se réveille. C’est dans cette atmosphère de renaissance que l’amour vint me chercher, mes premiers émois, les vrais, les premiers baisers sur la bouche, ceux qui donnent des frissons. Fini d’imaginer, seule dans sa chambre le doux contact d’un garçon contre soi, ça y est ! Je sais, et comme c’est bon ! Mon Dieu ! Et dire que j’ai toute la vie devant moi, je me noie dans un océan de bonheur et de bien-être. La vie m’appartient, l’avenir est à moi. Dans ces moments-là, je me fous de ce que pensent les autres, mes amies, mes parents, les amis de mes parents, je me fous de tout, j’existe, je suis vivante et j’ai quatorze ans.

     

    ...

     

    C’est comme un automate que je regardais ma mère qui venait de pénétrer dans le magasin, le visage gonflé par les larmes. Connaissant ma mère qui ne montrait jamais ce qu’elle ressentait, je compris immédiatement que c’était très grave. Jamais je ne l’avais vu avec un tel visage, défiguré par les larmes. Je sus tout de suite. Une intuition féminine, une peur extrême qui vous noue les tripes et qui vous empêche presque de respirer. Ma gorge devint sèche, très sèche, je me mis à trembler, j’avais froid, j’aurais voulu être ailleurs, loin, loin de cette vérité qu’il me fallait affronter et dont je ne voulais pas.

     

    -« Il est mort, c’est ça, dis-le, hurlais-je en agrippant le gilet de ma mère jusqu’à le déchirer, dis -e moi, dis-le » Je titubais, mon père tenta de me rattraper. C’est à terre, étendue sur la dalle en ciment du magasin, que je reçus le coup fatal.

     

    -« Calme-toi ! Articulait-elle, me pressant contre sa poitrine, la chaleur de sa peau, je mis enfouie comme pour trouver un peu de paix. Elle me parla comme à un petit enfant, me gardant contre sa chair tiède

     

    -« Il est mort pendant son transport à l’hôpital », me dit-elle calmement. Je me remis à hurler de plus belle, pour m’avachir enfin, sans vie, comme un pantin désarticulé.

     


     

      


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